L’émotion monte quand on vous voit arriver, hier, une bande de vestes colorés qui arrivent jusqu’à nous malgré la pluie, les sacs remplis d’affaires chaudes et de victuailles pour nous aider à tenir. Croyez-nous, chaque personne qui monte nous voir pour nous témoigner son soutien nous réchauffe et nous donne une énergie encore plus folle ! Mille merci !
En montant nous voir, ce n’est pas seulement la pluie que vous devez affronter, mais aussi des contrôles policiers sur « réquisition du préfet », cela vous intimide peut-être, la peur vous donne peut-être envie de rebrousser chemin, vous avez peut-être envie de cacher le fait que vous montez au bois de la Colombière… Et c’est tout à fait normal : ils essaient de nous intimider, de nous faire croire que nous faisons quelque chose de mal, que nous sommes hors-la-loi – comme ils essaient de nous faire croire qu’aider des personnes à traverser une frontière pour venir trouver refuge est un délit. Ne nous laissons pas envahir par la peur quand elle monte. Accueillons-là, mais rappelons-nous que nous sommes légitimes d’être là, pour que l’avenir puisse advenir, pour que tout le monde ait le droit de participer aux décisions qui concerne son avenir et celui de ses enfants et petits-enfants. Ils essaient de réduire nos voix, nos pas, nos gestes, mais rappelons-nous que nous sommes fort•es ensemble et que nous avons raison de nous battre contre cette retenue collinaire et son monde.
Nous sommes légitimes à protéger ce bois, que ce soit en interpelant les élu•es, en déposant des recours en justice, en informant les habitant•es de la vallée, en installant notre tente ou notre hamac dans le bois ou en montant des victuailles aux personnes qui sont là. Nous sommes légitimes parce que nos voix ne sont pas entendues, la mairie refuse d’écouter de dialoguer avec les collectifs et de considérer leurs arguments contre le projet. Le préfet est plus rapide pour envoyer les gendarmes faire des contrôles que pour répondre à leurs demandes de rendez-vous. Le député Antoine Armand – qui s’était prononcé contre le projet de retenue collinaire pendant sa campagne – ne leur donne rendez-vous que le 10 octobre (espère-t-il que les travaux aient déjà commencés pour pouvoir dire que c’est trop tard ?). D’autres élus disent aussi que c’est trop tard, mais nous ne pouvons pas les laisser dire ça. Tant que les arbres ne sont abattus et que les travaux n’ont pas commencé, pourquoi serait-il « trop tard » ? Qu’ils arrêtent avec leur technocratie et leur déni de démocratie. Nous exigeons un dialogue. S’ils ne sont pas capables de répondre aux arguments de l’opposition, c’est bien un signe que le projet ne tient pas et qu’il ne doit pas se faire.
NOUS SOMMES LÉGITIMES 
Nous sommes là pour qu’ils ne puissent plus ignorer toutes ces voix qui s’élèvent contre leur projet. Et s’ils ne sont pas capables de venir nous rencontrer pour dialoguer, c’est eux qui ne sont pas légitimes.
